Lu pour vous: "Bruno, Chef de Police"
de Martin Walker, Diogenes Verlag 2009, 339 pages, 9.90 € pour 264 g


Il s'agit de la traduction allemande de ce polar dans la veine documentaire. Mon libraire n'a mis le texte anglais en rayon que plus tard. Et la série des 'Bruno' n'est pas traduite en français.
Le style n'est de toute façon pas le principal souci de l'auteur et condamner son traducteur serait trop facile. On relève certains tics de langage qui se retrouvent probablement dans l'original:
par exemple, les cheveux semblent toujours 'ébouriffés' [zerzaust], les portraits ne peuvent être que "crachés" ['aus dem Gesicht geschnitten'] et on y 'envoie les gens promener' avec une régularité surprenante ['einen Korb geben' signifie littéralement 'donner un panier'].

Ce qui montre bien que, dans cette France de grand-papa, tout n'est pas nécessairement harmonieux. Et pourtant, dans ce village fictif de Saint-Denis, dans le Périgord, tout semble aller si bien.
Au fin fond de la France ne mène qu'une guerre, contre les contrôleurs de Bruxelles venus faire respecter les normes sur les marchés.
Jusqu'à ce qu'on retrouve le vieil Hamid assassiné dans sa maison isolée, sa croix de guerre volée, en échange de quoi on lui a gravé au couteau une croix gammée sur la poitrine.
Les souvenirs d'une autre guerre refont surface et l'on constate que ce cadre idyllique n'a pas été épargné par les moments les moins glorieux de notre histoire.

Bruno, policier municipal, célibataire, cuisinier amateur, entraîneur de rugby et de tennis pour les jeunes, bien décidé à profiter de la vie après avoir subi une expérience traumatique lors d'une mission de paix dans les balkans, va se retrouver au milieu de ce micmac, entre son village et ses amis, les gendarmes, la police nationale et un jeune procureur ambitieux.

On peut se demander si le livre sera jamais traduit pour la France. Il s'adresse en effet plus à des étrangers qui ne connaitraient pas très bien notre pays et y découvriront des détails qui pourront les surprendre.
On peut observer quelques imprécisions dans le livre: la confusion entre garde-champêtre et policier municipal, le Petrus, pas un château si l'on en croit les étiquettes de ce vin, l'expression anglaise "jolie laide", pas courante en français...

Ah! Et le Général de Gaulle n'a pas dit lors de l'appel  enregistré le 22 juin que la France avait "perdu une bataille mais pas [...] la guerre"... Cette phrase se trouve seulement sur l'affiche.

J'ai lu aussi qu'on reprochait à l'auteur de présenter la France comme une république bananière. Mais n'est-ce pas ce que nous-même souvent nous faisons?
L'auteur ne montre d'ailleurs pas de sympathie particulière pour son ministre de l'intérieur,

La bande sonore pour ce polar est toute trouvée: "À bicyclette" chanté par Yves Montand.
Le livre, bien qu'évoquant les pages sombres de notre histoire, participe de ce mythe de la France de grand-papa, celle d'Amélie Poulain: gastronomie et amour. Car tout est bien qui finit bien, autour d'un grand festin. Ah, ces Gaulois!

En résumé: un policier pas vraiment policier, dans une idylle pas si idyllique. Pour francophiles inconditionnels par un francophile.

Pour en savoir plus:
Martin Walker sur Wikipédia (publié par votre serviteur)

Aucun commentaire: