La question idiote (3)

Combien de langues de canard faut-il couper pour en faire un plat?

Dans la région de Canton, la langue de canard est un mets apprécié. À Paris, certains restaurants l'ont sur leur carte.

Il n'y a pas grand chose à manger dans la langue de canard, une fois la chair avalée, vous vous retrouverez avec un cartilage bon pour la poubelle de table. Le goût est également un peu fade. C'est probablement pour cette raison qu'on les prépare notamment avec une sauce à l'ail.

À supposer que vous trouviez 5 grammes à manger sur une langue de canard, il vous en faudra au moins 50 avant que vous ne soyiez repu.

Avant de cuisiner, il vous faudra donc aller à la chasse au canard et en tuer 50 pour ce bref plaisir aillé. Pour les parisien(ne)s, vous trouverez votre bonheur au bois de Boulogne, par exemple, ou bien au jardin du Luxembourg, faites juste attention aux gardien(ne)s qui ne comprendront probablement pas votre intérêt pour les organes buccaux de ces palmipèdes.
Si vous n'avez pas le goût de l'aventure, seulement celui de la langue de canard, vous pourrez en acheter surgelées dans les supermarchés asiatiques du XIIIème arrondissement. Si vous n'habitez pas Paris ou si vous ne sortez jamais de chez vous, vous pouvez même en acheter sur internet.

Mais quand même! Couper 50 langues pour le plaisir d'un seul bec fin! Quelle barbarie s'écriera l'animal!
Bien au contraire. Les Chinois s'avèrent là bien plus économe en vies que nous! Ils mangentce que nous aurions probablement jeté.

Dans le même esprit, ils ont également développé l'art d'accomoder les oreilles de porc ou encore les pieds de poules, qui ne sont vraiment pas la partie la plus nourrissante de l'animal...
Le pied!
L'origine du mot 'Vampire'

Bien confits dans notre européo-centrisme, nous sommes fiers de parler de nos vampires roumains. Mais le mal vient de plus loin. Les vampires, c'est maintenant établi, sont d'origine chinoise. Et ce n'est que justice puisque le premier homme le serait également. L'un ne va pas sans l'autre.

Chez nos amis qui marchent la tête en bas sans tomber, soit dit en passant certains affirment que cela expliquerait leur couleur jaune, on les appelait initialement des 放屁人 [fàngpì rén].
Ce qui signifie "personne qui pète", autrement "péteur", voire même "pétomane".
Pourquoi? me direz-vous. On voit bien que vous n'en avez jamais rencontré!
Les vampires, contrairement aux idées reçues, ne sont pas essentiellement craints pour leurs suçons. Tous les adolescents ou presque poursuivent les filles de la même façon.
Non, ce qui distingue les vampires, c'est leur caractère noctambule. On n'insistera jamais assez sur les aspects néfastes d'une vie décalée. Les fêtes, la nuit, devraient toujours avoir un caractère exceptionnel.
Dans le train-train du fêtard, l'alimentation demeurera l'un des problèmes essentiels. Que manger quand même les fast-foods ont fermé? Que boire sinon une vodka au bar? Ces difficultés ont des conséquences pernicieuses sur la digestion et sur l'entourage des vampires. Ils sont régulièrement refusés à l'entrée des discothèques et sont parfois connus sous le nom de "puant". Certains essayent encore de couvrir l'odeur de cette engeance par celle de l'ail, qui leur semble plus supportable. Les vampires en ont assez de l'ail. Même un enfant à qui on servirait des frites à tous les repas finirait par réclamer des épinards. L'art de la parfumerie a pourtant eu le temps de se développer, les sciences médicales également, notre connaissance du tube digestif et des ses dysfonctionnements est nettement plus avancée que dans l'antiquité chinoise, des méthodes moins barbares pourraient être employées.

"vent pire!" est une expression dérivée de 放屁人 [fàngpì rén], cela bien avant Marco Polo. On utilisait cette expression comme un signal d'alerte: attention, en voilà qui arrivent. Souvent cette remarque était inutile, car leurs troubles intestinaux les avait déjà signalés.
La suite est simple: vent pire donna vampire.

En résumé: 放屁人 [fàngpì rén] - vent pire - vampire

Cet article sera prochainement développé sur la dÉsencyclopédie
où est pour l'instant publié un article pour le moins désinformatif sur le sujet.
La question idiote (2)

Ça coûte combien une "Three Trillion Dollar War"?

C'est le titre du dernier livre publié par Joseph Stiglitz en collaboration avec Linda Bilmes. Et 3 trillions de dollars, ce serait le prix estimé de façon prudente de la seconde guerre d'Irak pour les USA.
J'ai toujours eu des problèmes avec les chiffres quand ils semblent ne plus correspondre à rien de concret.
Les millions, ça va encore, pour les milliards il faut juste ajouter 9 zéros. Mais les trillions?
Apparemment, c'est un petit pécule...
Alors j'ai regardé dans le dictionnaire.

D'abord dans mon Harrap's:

trillion n. 1. trillion m (10^18). 2. U.S: billion m (10^12)
Bon, on progresse. Un trillion, c'est un '1' suivi de dix-huit '0' grand maximum.

Vérifions dans le "Petit Robert":

TRILLION n.m. (1484, de tri- sur le modèle de million) Ancienn. Mille milliards (soit 10^12). - (depuis 1948) Un milliard de milliards (10^18)

Bon alors, combien de zéros? Quand même pas 18 zéros non? Non! Stiglitz, c'est un américain, il a le trillion modeste.

Ce qui nous met la guerre à trois mille milliards de dollars seulement, autrement dit 3 millions de millions.
$ 3.000.000.000.000,-
Ou encore, si vous préférez, 3 billions de dollars, comme l'indique cette traduction d'un article de Stiglitz. Une bagatelle!

Heureusement que le dollar baisse!

A lire:
Million, billion, trillion (US) = million, milliard, billion
Les éclaircissements des correcteurs du Monde.fr
Nouvelle contribution sur Wikipédia:
Juan Corzo y Príncipe


Ici apparaîssent quelques commentaires personnels qui ne correspondent pas à l'esprit de Wikipédia.

On évoque toujours les grands champions d'échecs et la façon dont ils gagnèrent leurs premières parties contre des joueurs de second plan.

Ainsi, c'est grâce à Capablanca, contre qui il joua quand celui-ci n'avait que 13 ans, qu'on parle encore de Juan Corzo y Príncipe. L'histoire telle qu'écrite dans les manuels d'échecs est la plupart du temps linéaire: le jeune talent, malgré son manque de connaissances théoriques a fait preuve d'une intuition géniale, l'adversaire ne fut qu'un faire-valoir. Mais le score serré, 6 à 7 (+4 =6 -3) indique que tout ne fut pas si simple. Qu'un joueur de 13 ans puisse jouer de manière remarquable , un siècle plus tard, après les vagues de Grands Maîtres Internationaux en culottes courtes, cela nous impressionne moins.
En analysant un peu ce match, il me semblait parfois regarder des parties de forts joueurs de mon club. L'affrontement fut spectaculaire, les deux joueurs faisant preuve de beaucoup d'inventivité même si de grosses opportunités furent manquées.

Dans le recueil de 100 parties de Capablanca commentées par Golombek, tout est présenté de manière biaisée: ainsi, la huitième partie du match sert à montrer que le futur champion du monde, malgré ses lacunes théoriques, sut sortir gagnant de l'ouverture. Mais, deux parties plus tôt, cette même ouverture fut jouée; match nul. Il pouvait donc s'attendre à revoir la même position sur l'échiquier, surtout quand on voit que Corzo n'avait que peu dévié de son répertoire dans les parties précédentes!
Voilà pour le génie recréant tout face à l'âne savant.

Dans ce même livre, on nous assène également que, déjà, il n'y a rien à redire à la façon dont le jeune prodige joue les finales. L'auteur cherche dans le bout de chou le futur champion du monde, il contribue à la légende du Capablanca grand finaliste. Mais, dans ce match, ce sont surtout les milieux de jeux qui sont intéressants.

Les finales ne sont pas toujours belles à voir:
Dans la 3ème partie du match, Corzo, avec les Noirs, est gagnant, il vient de jouer 50. ... Tb1?! et a raté ainsi sa première occasion de jouer 50. ... a3. Pas de besoin de vous expliquer l'idée! Capablanca répondit par 51. Rxç7 Il n'y avait pas grand chose d'autre à jouer. Corzo illustre l'adage qui veut que quand on rate un coup une fois, il est très probable qu'il nous échappera encore en jouant 51. ... Td1? quand ... a3 permettait probablement encore de gagner, avec difficulté.
La partie fut finalement nulle 10 coups plus tard.