La question idiote (7)

Le Drive-In

Banlieue d'Amsterdam. Ici la rue de l'accumulateur , là le chemin du transformateur, des rues où 4 tanks pourraient rouler de  front.
Tard pour manger un bout. 22:30?
Heureusement, les néons du Burger King me réchauffent déjà le coeur.
De quoi se remplir la panse vite fait. Pas un pélerin en vue. Aucun risque que le fast-food se transforme comme si souvent en slow-food.
Mince, la porte est fermée. Pas possible: des gens semblent pourtant s'activer à l'intérieur. Il doit simplement falloir tirer fort. inutile de s'acharner ridiculement, lire les horaires aurait suffi.
Tiens! Mais d'après le panneau, le drive-in est encore ouvert. Une demi-heure plus tard et je pouvais aller piteusement me coucher avec l'estomac dans les talons.
Allons donc frapper au carreau de l'autre côté.

- Bonjour, votre menu avec tous les extras possibles, lard, fromage, ...
- Bonsoir, euh... Je ne sais pas si je peux vous servir.
- Vous êtes fermés?
- Non
- Vous avez peur que je vous aggresse avec votre fenêtre grande ouverte et tous vos collègues derrière vous?
- Non
- J'ai de l'argent, vous savez, regardez, même des billets.
- Non, mais il faut que j'aille demander si je peux vous servir.




Bon, le serveur devait être fatigué, après une longue journée à regarder des visages d'affamés, c'est compréhensible. Mais le manager?
- Mon manager m'a dit que je n'étais pas autorisé à prendre votre commande parce que vous êtes sans véhicule.
Là, mon visage se décrispa, je souris en soufflant. Et moi qui croyait que les Hollandais étaient un peuple de commercants!

J'avoue que devant ce que je considérai comme une bêtise incommensurable, je me suis retrouvé sans ressource. Pas question d'aller rechercher ma voiture à l'autre bout de la ville! Tête vide, ventre vide. Juste ce sourire irrépressible.
Et le souci de l'environnement dans tout ça ? Il faudrait plutôt refuser ceux qui viennent en voiture, ou bien les faire payer proportionnellement à leur cylindrée!

Je rentrais donc à l'hôtel, la queue entre les jambes, et y dégustai la pomme que, par chance, j'avais oubliée sur mon bureau. Le lendemain, en repassant devant, je fis un signe rageur du poing en direction des employés
- "Sans doute encore un de ces tarés de SDF" durent-ils penser.

Par la suite, je me suis demandé quelles options s'offraient à moi pour avoir tout de même droit au rond graisseux.

Il ne peuvent pas me servir parce que je n'ai pas de voiture?

Première option, simuler:
-Vrouooououm... vrouummm... vous la voyez pas, je suis pourtant assis dedans. Attendez, je coupe le moteur et je mets le frein à main. Sinon elle chauffe, cette bête de route, vous savez.
En définitive, cela n'aurait servi à rien. En réponse, il aurait aussi pu me tendre du vent et me souhaiter un bon appétit.

Deuxième option, faire du stop:
-Vous pouvez me conduire au drive-in?
Bonne chance

Prendre un taxi aurait encore été le moyen le plus sûr d'arriver à mes fins.
Ce n'est pas tous les jours qu'on se rend au fast-food en taxi.
Chauffeur, voulez-vous bien passer commande d'un cheeseburger auprès du garçon?

Rémi Gaillard, lui, n'a pas été le dindon de la farce au drive-in de Mc Do:
Anand, le caméléon


Définir le style échiquéen d'Anand revient du casse-tête. On dit toujours que les meilleurs joueurs se doivent d'être universels dans leur approche: aussi bien capables de mener une attaque brillante que de grandes réalisations stratégiques.

Lors de son match contre Kramnik, Anand avait gagné des parties brillantes, grâce notamment à ses choix dans les ouvertures. Il avait opté pour un style "à la Shirov", qui fut un temps la bête noire de Kramnik.

Après 3 parties dans son match de Sofia 2010 contre Topalov pour la défense du titre mondial, la stratégie d'Anand se dessine. Est-ce l'effet de sa cinglante défaite dans la première partie?
Il semble en tout cas désormais déterminé à utiliser une méthode qui à fait ses preuves contre les naturels attaquants tels que Kasparov et Topalov: échanger les Dames précocement, jouer des finales, si possible avec un petit avantage, fatiguer l'adversaire, le faire se perdre en arguties en quelque sortes.



Le coup Da3 suivi de bxa3 dans la deuxième partie a déjà été très discuté: généralement, bien que ce coup ne soit pas sans quelques aspects positifs, c'est l'incompréhension qui l'emporte.
Il ne s'agit certes pas d'échecs champagne et Anand a lui-même reconnu qu'il ne pensait nullement à gagner la partie à ce point.
Mais le gros avantage très négligé par les commentateurs: pas d'attaque de mat dans cette position, beaucoup de manoeuvres en perspective; si objectivement la position n'est pas clairement en faveur d'un camp, elle est au moins désagréable pour Topalov. Par la suite, dans cette même partie, Anand s'est contenté de restreindre les possibilités tactiques des Noirs. Et a, au premier regard, tout naturellement, sans que les Noirs aient commis de grossière erreur, fini par gagner.

Contre Kramnik, Anand choisit de prendre les couleurs de Shirov pour faire trébucher son adversaire.
Maintenant, il arbore les couleurs de Kramnik: même genre d'ouvertures [la catalane avec les blancs, slave béton dans la troisième avec les noirs], même stratégie [échanger les Dames, jouer longtemps, limiter les passes tactiques, du béton].
Cela lui réussira-t-il aussi bien? Reviendra-t-il à des intentions plus belliqueuses?
La question idiote (6): 
encore un de ces putains d'emballage?

Il est souvent plus facile de s'en plaindre que des les ouvrir, alors qu'ils ont été conçus par des ingénieurs tout de même! Ingénieur en quoi, parfois on se demande! Un cas frustrant, qui se présente régulièrement quand on est condamné à prendre son p'tit déj dans des selfs: la petite capsule de lait.

Combien de personnes tirent correctement sur la languette?
Sûrement pas nombreux, ces Dieux-vivants...


Une de ces petites contrariétés anodines, alors que la rosée n'est même pas encore tombée. Après il faudra sans doute aller travailler. Et chaque jour ce spectacle répété d'une déchirure insatisfaisante.
C'est du moins ce que je pensais avant d'en faire part à une spécialiste de la question en attendant la bonne tasse chaude, plateau en main.
Et là, ce fut l'illumination. La barmaid me demanda avec un grand sourire:
"Et à votre avis, qu'est-ce qui se passerait si vous parveniez à ouvrir tout d'un coup parfaitement votre petite dose?"
Bon sang de bois! Encore une question de point de vue. On a des yeux et pourtant on n'y voit rien!
Ben oui, ça giclerait et il y en aurait probablement moins dans ma tasse que sur ma chemise.
De chaotique, le monde redevint ordonné.

Désormais, je pose un regard béat sur ce spectacle que je trouvais disharmonieux et qui dissimule en fait un ordre supérieur. Plus aucune crainte de mal ouvrir un petit pot de lait, voire deux ou trois, juste pour le plaisir.

Mais il faut quand même aller travailler.
Une idée contre la Petrov: l'attaque Kaufmann

La Petrov, ou défense russe, après avoir été tant décriée, est devenue une défense à la mode, grâce entre autre aux efforts de Kramnik. Il m'arrive aussi de la jouer avec les Noirs, considérant qu'il ne s'agit pas spécialement d'une ouverture paisible: tout dépend de l'humeur des blancs. La partie peut devenir vraiment folle si les Blancs sont d'humeur belliqueuse et se lancent dans un Gambit Cochrane. C'est ce que j'avais appris en lisant le livre de Karpov sur le sujet.
Mais ce genre de gambit n'est pas du goût de tout le monde et cela explique que par exemple 5. Cç3 [après 1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cf3 Cxe4] ait gagné en popularité.



Une récente partie, Nisipeanu-Giri, Corus 2010 a attiré mon attention sur la possibilité de jouer 5. ç4!?

après 5. ç4!?

Anesh Giri, le jeune prodige vivant aux Pays-Bas, gagna la partie et indique dans le New In Chess Magazine 2010.2 combien il trouve cet essai blanc inoffensif.
Et confronté à la lecture de la partie, on se demande vraiment à quoi 5. ç4 peut servir. Pas la meilleure partie de Nisipeanu. Et ses deux essais précédents, en 2001, contre Motylev et contre J-R Koch s'étaient tous deux soldés par la nulle.
Mais tout de même, si un joueur de ce calibre essaye cette variante, elle doit valoir mieux que cette première impression.

Et l'idée est lumineusement simple: certes, on remarque d'abord le trou en d4, mais les blancs luttent pour la case d5! Il y a sûrement là matière à creuser un peu, d'autant que les statistiques  en ligne de Chessbase donnent de l'espoir: 62% de réussite pour les Blancs!

Avant de lancer un verdict définitif, tester en blitz puis regarder quelques parties de gmi s'avérera utile. À première vue, sans faire preuve de grande ambition, les Blancs peuvent tout de même poser des problèmes aux Noirs.
Endlich Anschluss finden!


























Das Bild von der vermissten Schnur, Danke im Voraus