Pierre Siniac: 'Folies d'infâmes'
314 pages, env. 5€, ISBN 2070489388, Gallimard 1983

Dans "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus", Pierre Bayard illustre son propos en évoquant "Ferdinaud Céline", un roman de Siniac qu'il n'aurait jamais ouvert. Si sa description avait éveillé ma curiosité, la lecture de ce polar dont je connaissais pourtant déjà l'intrigue ne m'a pas déçu.


De fil en aiguille, voici donc le deuxième livre de cet auteur dans ma bibliothèque. Ce recueil de 10 nouvelles m'amène à réviser une vieille opinion: celle selon laquelle la nouvelle ne serait pas adaptée au genre policier. Il m'avait toujours semblé, malgré quelques contre-exemples, que pour concocter une énigme, touiller un peu les éléments avant de présenter le résultat au lecteur, 300 pages n'étaient pas de trop.


En définitive, la nouvelle est au roman policier ce que le haïku est à la poésie!
Siniac cultive avec ravissement les malentendus qui sont le nœud de la plupart de ses histoires.
Si l'on excepte "sinistrose" dans lequel je n'ai vu qu'un exercice à la "regardez comme je sais décrire la grisaille sans me répéter", le flot du texte est naturel et parfois même enthousiasmant.
Quelques mots d'argot ne m'étaient pas connus, mais le contexte permet en général de retomber sur ses pattes.

Dans "un salaud de moins dans le quartier", "situation: critique" ou encore "la visiteuse", Siniac se soucie assez peu de la vraisemblance et ces idées auraient eu du mal à tenir le temps d'un roman. Ce ne sont pas mes préférées.

Je m'en tiendrai à des histoires de facture plus classique comme "un alibi d'artiste" ou "un pigeon sur la route".

Verdict: on peut lire!